LES JOURNÉES PATRIOTIQUES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE


INTRODUCTION


Ce thème est passionnant à plus d'un titre. D'abord c'est un thème riche qui touche à la Grande Histoire et à la Culture Populaire, il fait intervenir les sentiments les plus nobles chez les individus (générosité, partage, don de soi) et des éléments moins glorieux comme la manipulation des masses par la propagande. L'argent n'est pas très loin, il touche évidemment à l'économie et à l'épargne.


Lors de la Première Guerre Mondiale un élan de patriotisme sans précédent a vu le jour en France.

Il s'est traduit, de façon spectaculaire, de différentes façons:

 

- Sur l'insistance de l’État, les Français ont apporté massivement leur or aux caisses des Banques. "Versez votre or!" voyait-on partout. Et les Français ont répondu. C'est avec l'or que la France obtient du crédit et du ravitaillement, l'or est une monnaie internationale. Bien entendu on assure la population que l'or leur sera rendu après la guerre. Ce ne sera pas le cas. Verser son or c'est abréger la guerre! Le problème est que les Allemands argumentaient, auprès de leurs concitoyens, de la même manière. "Échanger l'OR devient un devoir national ; le garder, une faute ". Pour mieux culpabiliser les possesseurs du précieux métal, circulait cette carte où un soldat en arme nous dit: "Je donne ma vie. Versez votre or".

 

- La participation aux emprunts de guerre vit l’épargne française mise à contribution tous les ans (novembre 1915, octobre 1916, 1917 et 1918). Il s’agit ,évidemment, de financer une guerre coûteuse, ce à cause de trois éléments: sa longueur, l’ampleur des moyens humains et matériels et son caractère industriel. Mais l'enjeu psychologique était tout aussi primordial : la mobilisation de la société dans son ensemble. L'arrière devait faire son devoir tout comme les mobilisés faisaient le leur par leurs efforts et leurs sacrifices. La propagande utilisera tous les moyens à sa disposition : affiches, presse, discours, conférence.

 

- Pour impliquer plus encore les Français dans l'effort de guerre, et ne rien négliger, n'oublier personne, des plus riches aux plus humbles, les Journées de quête vont dans le même sens. En contrepartie de leur obole, les donneurs recevaient divers objets qui nous intéressent particulièrement dans ce sujet:

. des insignes: en papier, carton, celluloïd.

. des médailles ou médaillettes en cuivre, laiton, métal blanc, argenté ou doré, en métal repoussé ou embouti.

. des cartes postales qui reprennent ou pas, les représentations des affiches. Certaines numérotées pour participer à une tombola (pour inciter davantage encore les particuliers, plus attirés par les gains au jeu plutôt que par l'élan patriotique).

 

d'autres seront acquis par souscription :

. plus rarement des médailles de table en bronze ou en argent, exceptionnellement en or.

. des bijoux, des plus communs (bronze, métal argenté ou doré) aux plus précieux (en argent ou en or). 

 

L'objectif des Journées est de fournir, grâce aux recettes, des objets de nature à améliorer l'ordinaire de nos combattants : tabac, pipe, papier à cigarette, chocolat, lainages, chaussettes, caleçons, gants, savons, bougies ... comme l'indique Abel Baillif, Président du Touring Club de France.

 

Les affiches dessinées par les plus grands artistes de leur temps: Poulbot, Willette, Steinlen, ...  auront aussi un grand succès.

Le succès de ces journées est tel que l'on vit apparaître un nombre considérable de cartes postales fantaisies, médailles et breloques en métaux communs (laiton ou argenté) sur tous les sujets se rapportant à la guerre : les Poilus, l'Alsace et la Lorraine, le "75", la Patrie, le courage des poilus, la Madelon, le pinard ...

Ces objets seront à peine abordés dans ce sujet et seulement à titre d'exemple.

pour en savoir plus reportez-vous au site : https://journees-pgm14-18.jimdofree.com

LES JOURNÉES NATIONALES

Les Journées belges


La première journée eut lieu les 20 et 25 décembre 1914 au profit des réfugiés belges qui fuyaient l'invasion allemande, à l'initiative du Secours National. Elle fut nommée "la journée du petit drapeau  belge"

Le gouvernement belge, suite à l'invasion, se réfugie au Havre. Le Secours National organisa cette journée de quête. On trouve de nombreux drapeaux en papier, des cocardes, des objets en tissu.

D'autres journées furent organisées en 1914 et 1915 comme la Journée de Dinant, la Journée de Liège, les Journées du Roi Albert 1er...


La Journée du 75


Octobre 1914, le Touring Club de France cesse de intéresser au tourisme et créé "l’œuvre du soldat au front". Objectifs: apporter une aide  aux combattants sous la forme d'un paquetage contenant "tout ce qui est de nature à améliorer leur hygiène et leur procurer du bien-être".

Devant les difficultés financière pour satisfaire aux demandes, il est décidé le 5 décembre 1914 d'organiser une journée de quête. Ce sera la "Journée du 75" (en l'honneur du canon de 75 qui, par sa précision, sa vitesse et sa puissance, est un outil majeur au front).

Il y eut plusieurs journées. Le succès de celle du 7 février 1915 en est la cause. C'est ainsi que s'ajoutèrent les 14 et 28 février et le 7 mars. Des 6 millions d'insignes prévus le tirage passa à 22 millions. La vente "de collection" continua au siège du TCF en 1915 et 1916.

"Il y avait des insignes de plusieurs sortes, de luxueuses médailles en métal et des rectangles de carton qui auraient paru humbles s’ils n’avaient été la figure des drapeaux." (Une merveille du génie français : notre 75, par un artilleur, Paris, librairie Aristide Quillet, 1915)

Les organisateurs de cette journée ont pu compter sur les Éclaireurs de France et l’Union des femmes de France. En tout, ce sont près de 50 000 quêteurs et quêteuses qui ont participé à cette journée sur toute la France..

Journée du Secours National

Le Secours National est un organisme français, créé par Albert Kahn, le 4 août 1914, dans le but d'apporter, aux côtés des services sociaux, de l'aide aux militaires, ainsi qu'à leurs familles sans oublier les populations civiles victimes.

Rappelons-nous! Les soldats partent la fleur au fusil (en France et en Allemagne aussi d'ailleurs, des médailles d'époque en font foi) , la guerre sera rapide, les journaux le disent ! Trois jours après la déclaration de guerre, le Secours National est créé. L'idée d'une guerre qui serait plus longue que ce que la propagande optimiste développait à tour de bras, avait germé depuis longtemps dans certains esprits clairvoyants (ou mieux informés...!).

C'est ainsi que fut lancé la journée nationale de collecte sur la voie publique du Secours National associé au groupe parlementaire des Départements envahis. Elle eut lieu les dimanche 23 et lundi 24 mai 1915.



Journée de l'orphelinat des armées


Cette journée est organisée par L'Orphelinat Aux Armées, 16 rue de la Sorbonne à Paris, sous le haut patronage du Président de la République (soit Raymond Poincaré de 1913 à 1920).

Les gravures et illustrations sont des établissements Lalique.



Journée des Éprouvés de la Guerre


Journée très importante. Pour les collectionneurs de billets, les pochettes sont illustrées par L.O. Merson à qui on doit les billets de 100 francs  (Types de  1906 à 1939) et de 50 francs (types de 1927 à 1934).


Journées du Poilu


Journées marquantes puisque aujourd'hui,  on parles de "journée des poilus", de façon abusives, pour toutes les journées.

Nous connaissons deux journées du Poilu: les 31 octobre et 1er novembre 1915 et les 25 et 26 décembre 1915.

Dans une lettre émanant de la Chambre des Députés, envoyée aux maires, concernant la Journée des Poilus il est indiqué:

"La vente des insignes qui devait avoir lieu le 31 octobre et le 1er novembre, a été renvoyé, sur les avis de quelques-uns de vos collègues et le désir manifesté par le Syndicat de la Presse, aux 25 et 26 décembre, étant bien entendu que jusque là ...".

Nous avons donc, par ce courrier, la certitude que les journées des 31 octobre et 1er novembre ont été reportées. Les insignes et médailles ayant déjà été éditées, elles seront vendues avec cette date, lors des journées de décembre.


Journée Serbe


L'idée émerge lorsque le Ministre de l'intérieur, M. Malvi, expose le projet d'une Journée Serbe en janvier 1916.

Le 25 juin, par voie de presse, l'appel à la générosité publique est officiellement lancé. 

On rappelle l'héroïsme du peuple serbe et de son armée.

 

N'oublions pas que le conflit austro-serbe est à l'origine du conflit qui, par la voie des alliances passées antérieurement, va se généraliser. Le 28 juin 1914, l'héritier du trône François-Ferdinand d'Autriche, en tournée d'inspection en Bosnie-Herzégovine, est assassiné par un nationaliste "Yougoslave" serbe : Gavrilo Princip. En représailles, l'empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie. Malgré leurs faiblesses, les serbes des rois Alexandre et Pierre 1er, seront particulièrement actifs pendant tout le conflit.


Journée des Orphelins


Grâce à la première journée de l'orphelinat (des armées), 60 000 enfants avaient pu être secourus. La collecte est montée à    3 000 000 de francs. Le besoin d'aide n'en reste pas moins important et, dans ce sens, une nouvelle journée est programmée. Un Comité Spécial, en accord avec le Secours National, obtient l'accord du gouvernement pour les 1 et 2 novembre 1916. La date est bien choisie, la Toussaint et le jour des morts. Les quêteurs s'installeront aux portes des cimetières.

Publicité par affiches et presse. Affiche dessinée par Georges Redon.



Journée du Tuberculeux


Entre 1914 et 1918, ce sont près de 150 000 cas qui sont diagnostiqués sur 400 000 cas suspects dans les armées françaises. La tuberculose causera la mort de 40 000 combattants. Afin de sensibiliser la population à ce fléau, dans la foulée du mouvement hygiéniste, le Comité central d'assistance aux anciens militaires tuberculeux (sous le patronage du comité du Secours national) organise le 4 février 1917 une "Journée pour les tuberculeux" . Objectif: trouver des fonds dans le but de "d’assurer le sort et autant que possible la santé des malheureux que la tuberculose a forcé de renoncer à la gloire de servir la France sur les champs de bataille. Il s’agit de veiller à la prophylaxie et en tâchant de détruire le mal, d’en limiter les désastreux effets".

On doit ces trois médailles à Lalique.



Journée des Régions Libérées


La France célébra les Fêtes de la Victoire les 13 et 14 juillet 1919.

Sur la demande du Gouvernement, le Secours National, dans ce cadre, organisa deux journées dite "Journée des Régions Libérées". Le bénéfice sera  réparti entre les différentes œuvres qui s'occupaient du secours dans les Régions concernées.

On vendit des bouquets de fleurs sur le parcours du défilé, destinés à être jeté aux Poilus et dont le bénéfice (850 000 francs) sera versé à l’œuvre des Mutilés.



LES JOURNÉES LOCALES


Ces journées, nombreuses, montrent que l'élan de solidarité envers notamment les Poilus, touchait toute la France. Ceci est normal dans la mesure où, la Première Guerre Mondiale a réuni dans l'armée, dans les tranchées, et ce pour la première fois à cette échelle, des populations des quatre coins du pays. Les Minervois (voir le livre de Louis Bartas) y côtoyaient des ch'ti, des Corses, des Parisiens, etc. Tous étaient concernés par cette guerre! Chacun y avait un frère, un fils, un époux, un père, un parent.

Le succès des quêtes nationales pouvaient donner des idées à tout un chacun. Les motifs étaient-ils tous honorables ? Nous n'avons pas la réponse à cette question. Quelques présomptions seulement ...

Il existe des Journées pour pratiquement tous les départements (carton, médailles ou médaillettes, cartes postales et bien entendu de rarissimes cartes de quêteuses et étiquettes de boîtes de quête). Une grande partie de celles-ci sont réellement rares voire quasiment introuvables. Cela représente plusieurs centaines d'insignes, médailles ou autres. La série ci-dessous est donc bien loin d'être exhaustive, on s'en doute.

 

D'autre part, il faut signaler que les associations devaient recevoir "l'autorisation de faire appel à la générosité publique dans les conditions fixées par la loi du 30 mai 1916".

Voici, à titre d'exemples, quelques médailles de Journées, sachant qu'il existe, comme pour beaucoup de journées, des insignes en carton, en celluloïd, des cartes postales, des affiches, et des document divers et variés (brassards, cartes de quêteuses, documents comptables, billets d'entrée, ...).


LES MÉDAILLES PATRIOTIQUES PRIVÉES


S'entend des médailles, insignes ou autres, fabriqués ou édités, par des entreprises privées n'ayant aucun lien avec des associations ayant eu l'autorisation de quêter par le Ministère de l'Intérieur.

Le but principal est de faire du bénéfice en "surfant" comme on dit aujourd'hui, sur le patriotisme ambiant.



DIVERS


Pour terminer quelques médailles étrangères (nous n'avons pas le monopole du patriotisme) sur des sujets aussi divers que le canon allemand, le dépôt d'or (parallèle au "versez votre or!" français, ...).

On y trouvera aussi une copie anglais e d'une médaille satirique allemande sur le naufrage du Lusitania et une monnaie de nécessité patriotique pour le Quercy.



Le CND remercie la municipalité 

pour son soutien