La 20 sols du siège de Tournai en 1709.

Ces monnaies ont été frappées sur un flan carré ou rectangulaire en argent de 7 grammes environ et sont unifaces. L'exemplaire présenté fait 5,86 grammes (on est en période de siège et on fait ce que l'on peut comme on peut...)

Dans un cercle de grènetis formé de globules oblong, buste de profil à gauche, lauré et cuirassé; au dessus de la tête 20; sois le buste, la tourelle marque de l'atelier de Tournai; dans le bas M. DE SVRVILLE.

On remarque sur les photos présentées que certaines monnaies ont été gravées au revers postérieurement à la frappe.

Je trouve ces gravures admirables. En effet ces monnaies étaient considérées par certains témoins contemporains comme de précieux objets commémoratifs, elles ont même pu servir de récompense officielle.

Sur mon exemplaire, on retrouve l'inscription présente au revers des monnaies en cuivre de 8 sols du même siège :

Moneta~In obsIDIone~tornaCensI~CVsa (monnaie frappée lors du siège de Tournai). Cette inscription est un chronogramme. En effet on y retrouve avec les lettres en majuscules la date 1709 (MDCCVIIII).

 

Ces monnaies de 20 sols ont fait l'objet de polémiques et de débats dès leur frappé jusqu'au début du 20ème siècle. La question étant de savoir qui représente le buste sur ces monnaies? Je renvoie ce que la question intéresse vers l'ouvrage de Marcel Hoc "Histoire monétaire de Tournai" qui y reprend les débats à ce sujet et que je tâcherai de résumer dans les prochaines lignes. Ce buste représente Mr de Surville, défenseur de la place lors du siège sous les ordres du roi Soleil, Louis XIV roi de France, Philippe V petit-fils de Louis XIV qui est au cœur de cette guerre de succession ou un inconnu suite à l'utilisation d'un poinçon disponible en ces temps troublés. Difficile d'essayer de reconnaître l'heureux élu sur les effigies. Les gravures manques de finesse et en temps de siège difficile de prendre son temps pour être fidèle à la réalité. On peut cependant dire que l'on ne voit pas la perruque officielle avec laquelle Louis XIV est figurée à cette époque. Pour rappel les commandants d'une place assiégée ont le droit d'émettre des monnaies de nécessité quand il y a défaut de numéraire officiel ou légal, sous promesse qu'elle soit remplacées par le souverain par des monnaies légales. Mais ils n'ont pas le droit de s'y représenter à la placecdu souverain. C'est cet aspect de monnaies de nécessité qui servira à dédouaner de Surville de son crime de lèse majesté. En effet la Cour de Louis XIV fut choquée que le défenseur mit son buste sur ces monnaies car à l'époque il n'y avait aucun doute. L'académie des Inscriptions fut alors saisie pour rendre son avis. De Boze, son secrétaire, disculpera De Surville en insistant sur le fait que les monnaies obsidionales ne sont pas de véritables monnaies, mais plutôt des espèces de méreaux n'ayant aucune force de loi.

Article rédigé par Arnaud Dhainaut sur le groupe FB CND

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